Les obligations,Sunanes et Mandûb de la prière

Robert George Talbot Kelly (British 1861-1934) – The Prayer Hall

Les wâjibs (piliers ou obligations) de la prière rituelle

Les obligations de la prières sont au nombre de 16:

 (1) Le takbîr initial, dit de sacralité (2) se tenir debout pour ce premier takbîr, (3) l’intention pour accompagner le début de ce takbîr,  (4) Réciter la Fâtiha, (5) ainsi que se tenir debout pour cette récitation, (6) s’incliner,  (7) se relever de l’inclinaison, (8) la prosternation avec humilité (et un minimum de présence),[Attention: il faut se prosterner sur le front et le nez…Celui qui ne se prosterne pas sur son front (jabha): sa prière est invalide et à refaire même si son temps est sorti. Celui qui ne se prosterne pas sur son nez mais se prosterne sur son front: sa prière est valide mais il lui est préférable de la refaire dans son temps (en se prosternant correctement). ]
 (9) Se relever de la prosternation, (10) effectuer le salâm final, (11) s’asseoir pour ce salâm, (12) s’en tenir à l’ordre exigé pour les parties fondamentales (wâjibs),  (13) Se tenir droit en étant debout et assis, (14) s’arrêter dans chaque position pendant un moment en tant que devoir.  (15) Celui qui suit (qui est dirigé par un Imam) devra prononcer le takbîr initial et le salâm final (après son Imâm).
 (16) Son intention devra être celle de suivre l’Imâm (depuis le début) et ce pour toutes les prières; et l’Imâm devra avoir une intention de diriger :pour les prières suivantes: la Prière de la Crainte,en combinant les prières en groupe (regroupement de prières par une nuit de pluie), pour la Prière du Vendredi, et s’il remplace un Imâm qui a dû partir (en cours de prière).
(pour les autres prières si l’Imâm ne formule pas l’intention de diriger: sa prière reste correcte mais il n’aura pas acquis le mérite de la prière en groupe (selon certains savants (Al-lakhmî par exemple: il aura malgré tout ce mérite), quant à celui qui est dirigé: même si l’Imâm n’avait pas l’intention de le diriger, celui qui est dirigé (et qui émet donc obligatoirement cette intention d’être dirigé) aura le mérite de la prière en groupe.)

Ses conditions préalables sont au nombre de 4:  (1) faire face à la direction de la Ka‘ba, (2) se débarraser des impuretés physiques (souillures) : purifier l’endroit sur lequel on fait la prière, l’habit et le corps de toute souillure (najâsa), | (3) couvrir sa nudité: cliquez ici, et (4) la pureté rituelle (avec l’ablution ou le bain rituel). Toutes sauf la dernière, ne sont des conditions préalables (nécessaires), que si on s’en rappelle et qu’on en est capable. 
Il est mandûb (préférable) pour ceux qui ont oublié de se couvrir correctement(**) ou qui ont prié avec des impuretés (souillures) par oubli ou par incapacité d’enlever ces souillures, de refaire leurs prières dans le temps accordé(avant la fin du temps de cette prière), comme pour (la personne qui a commis) une erreur | quant à la direction de la Ka‘ba(ou qui a prié dans la mauvaise direction par oubli) mais pas pour la personne qui ne peut pas faire face à sa direction ni à la personne qui ne peut pas couvrir sa nudité (leur prière est correcte).
(**)D’autres savants affirment que le fait d’oublier de couvrir sa nudité mughallaza et faire la prière ainsi oblige à la refaire (en étant couvert) même si son temps est passé.

Attention :
Celui qui fait sa prière dans la mauvaise direction en connaissance de cela et sans oubli et en pouvant se diriger vers la Qibla cette prière est invalide.
Celui qui fait sa prière avec la souillure en connaissant (sachant) sa présence (sur son corps, son habit ou l’endroit de sa prière) (sans oubli) et en pouvant l’enlever : cette prière est invalide.
Idem pour celui qui ne couvre pas sa nudité (mughallaza) en connaissance (sans oubli) et en pouvant la couvrir : sa prière ainsi faite est invalide.

Si la personne a fait un effort et prie ainsi vers une direction puis en cours de la prière il s’aperçoit qu’il est en erreur:
Si sa déviation (l’erreur) est grande alors il arrêtera la prière, se dirigera vers la bonne direction et refera obligatoirement la prière sauf s’il s’agit d’un aveugle : ce dernier s’orientera (obligatoirement) en cours de sa prière vers la bonne direction sans couper sa prière, s’il ne s’oriente pas vers la bonne direction sa prière est invalide.
Si la déviation est petite : là il s’orientera en étant dans la prière vers la bonne direction sans couper sa prière (que la personne soit aveugle ou non s’il ne s’oriente pas vers la bonne direction dans ce cas, sa prière reste valide mais il aura commis un péché).

Ce qui est autre que le visage et les mains d’une femme libre doit être couvert pendant la prière tout comme la nudité doit être couverte pour l’homme. Mais si la poitrine, ou les cheveux,  ou l’avant bras, ou une des parties du genoux jusqu’aux pieds sont découvertes (pour la femme), elle recommence sa prière (cela est recommandé mandûb) dans le temps réparti au recommencement.
La condition préalable pour que la prière rituelle devienne wâjib pour elle est la cessation du saignement menstruel/postnatal (lochies) | avec soit une émission claire de perte blanche vaginale(qassa al-baydâ) ou le séchage de la zone (sur laquelle un tissu est placé).

Les femmes ne rattrapent pas les prières manquées pendant le saignement menstruel/postnatal. Puis, une ultime condition préalable est que  l’on soit entré dans le temps de la prière.

Sunnah (Sunanes) de la prière rituelle:

Les sunnahs appuyées  sont au nombre de 8: (1) réciter une Sourate (un verset du Coran au minimum) après la Fâtiha ,  (2) en se tenant debout dans la première et deuxième unité (de la prière rituelle).
 (3) Réciter à voix haute ou basse aux moments appropriés,  (4) les takbîrs (Allahu Akbar) excepté celui qui a déjà été mentionné (c.-à-d. le takbîr initial est wâjib et non pas sunnah),
(5) Chacun des Témoignages (tashahhud), (6) se mettre en position assise pour le premier Tashahhud,  (7) se mettre en position assise pour le deuxième Tashahhud (le temps où on doit rester assis pour le salâm : c’est-à-dire : s’asseoir tandis que l’on fait le salâm : est quant à lui wâjib et non pas sunnah),
Et (8) le « sami’a Allahu li mane Hamidahu » que prononce la personne qui prie en se relevant après l’inclinaison.
(les gens qui prient derriére l’Imam ne diront pas « sami’a Allahu li mane Hamidahu » mais seulement « Rabbanâ wa laka al-hamd » quand leur Imam dira: « sami’a Allahu li mane Hamidahu »)

(Ces sunnahs sont) pour la personne priant seule et pour l’Imâm aussi. Ces sunnah sont celles qui sont appuyées (recommandées).  Le reste (des sunnahs) sont traitées comme des mandûbs (moins appuyés ou préférables) dans leur statut légal.

Les sunnahs moins appuyées sont:  l’Appel avant de commencer la prière (iqâma: voir sa formule dans la section « façon de faire la prière »), se prosterner avec (la paume des) mains en contact avec le plancher | tout comme les extrémités des pieds (c.-à-d. les orteils) et les genoux,
 Et pour celui qui suit (un Imâm) : le fait d’écouter la récitation à haute voix (de son Imâm). Puis, rendre (répondre) également | au salâm de l’Imâm(faire le salâm en face), et à la personne priant à gauche (si) une telle personne est bien du côté gauche( et si elle a fait avec nous dérriére l’Imam une Rak’at ou plus).
Le salâm à gauche (et le salâm en face) n’est pas à faire pour celui qui dirige (l’Imâm) ,ni par celui qui prie seul (Al-fadh).
Il est sunna de faire le salâm à gauche si on est dirigé et on a quelqu’un à notre gauche qui a fait avec nous dérriére l’Imam une Rak’at ou plus.
La formule du Salâm est tout simplement  : »As-salâmu ‘alaykum » pour l’imâm Malik qui s’appuie sur les hadiths à ce sujet.

En outre parmi les sunnah moins appuyées: on cite le fait d’excéder le temps d’arrêt minimum (dans chaque position) afin d’être plus présent (avec Allah) dans chaque acte de la prière, ériger un objet (pour prier dans sa direction) quand on ne suis pas (un Imâm) pour celui qui craint que quelqu’un ne passe devant lui,

Dire à voix haute (le premier) As-salâmu ‘Alaykum (à droite):

La mère des croyants Aïsha (que Dieu l’agrée), parmi d’autres, a noté que le Prophète ( paix et salut sur lui) prononçait une seule fois le salut (le Salâm) (pour finir la prière):(Rapporté par At-tirmidhî,Ibn Khuzayma,Al-hâkim,Ibn al-mundhir et Ad-dâraqutnî: Al-It-hâf:tome II page 485.)
Anas (que Dieu l’agrée) rapporte de même que le prophète(paix et salut sur lui) faisait un seul Salâm.

Pour le tashahhud, utiliser les termes de la Salutation (relatés par ‘Umar ibn Al-Khattâb dans le Muwatta par exemple), et que la personne dans le dernier Tashahhud demande la bénédiction d’Allah sur le Prophète (paix et salut sur lui).

L’Adhân (l’appel à la prière) est sunnah pour un groupe qui vient | faire une prière wâjib en son temps et souhaite que d’autres s’y joignent également.

Le raccourcissement (réduction à deux Rak‘at) de la prière est sunna, pour celui qui voyage quatre buruds (>= 80,64 km)  pour Zuhr, ‘Ishâ, `Asr jusqu’au moment où l’on revient (chez nous) – depuis (le moment) où il dépasse les dernières habitations établies (de son village de départ jusqu’au moment) où il arrive de nouveau (à cet endroit). La personne qui a l’intention de résider dans un endroit pendant quatre jours (ou plus) devrait accomplir les prières sans réduction.

Les « mandûb» de la prière (choses préférables et moins importantes que les sunanes) sont au nombre de 21 :

1. Le fait de faire à droite le Salâm (qui clôture la prière)(tayâmunu as-salâm)

2. Dire « âmin » (à voix basse) après la lecture de la Fâtiha; sauf pour l’Imâm quand il lit la Fâtiha à voix haute, ce sont les gens dirigés qui diront « âmin ».

3. Dire après s’être redressé de l’inclinaison (rukû’) et après avoir dit : »sami’a Allahu li mane Hamidahu » :dire: « rabbanâ wa laka l-hamd » (sauf pour l’Imâm: il ne dira pas:« rabbanâ wa laka l-hamd » mais seulement: »sami’a Allahu li mane Hamidahu » )

4. Réciter le Qunût (des invocations(du’â) spéciales) après la Sourate de la deuxième rak‘at du Subh et avant l’inclinaison (rukû‘) de celle-ci. Le Qunût se fait silencieusement.

5. La tasbîh pendant l’inclinaison (dire : « subhâna rabbiya al-‘azîm ») et pendant la prosternation (dire : «subhâna rabbiya al-a ‘lâ»)

6. Ar-ridâa : mettre un habit beau : (qu’il met sur ses épaules en plus de son habit) ( ou entre autre qui couvre la tête, le cou et qui permet plus de beauté (zîna) et de sérénité : comme le turban (‘amâma) ).

7. Le Sadl (laisser les mains libres : tendues vers le bas) pendant la prière obligatoire.

8. Dire : « Allahu akbar » (en dehors de « takbîrat al-ihrâm » qui est obligatoire) en accompagnant les actes de la prière (sauf quand on se relève de l’inclinaison : pas de takbîr). Quand on se lève de la position assise après le «tashahhud du milieu» : il ne faut dire « Allahu akbar » qu’une fois complètement levé (debout).

9. Pendant la position pour le tashahhud : fermer les doigts de la main droite sauf l’index et le pouce.

10. Pendant la lecture du tashahhud le fait de bouger l’index (de la main droite bien sûr), tout en tendant le pouce et l’index (l’index est tendu et bougeant seul) et en maintenant les mains posées sur les cuisses près des genoux.

11. Ne pas coller le ventre contre les cuisses, ni approcher les coudes aux genoux dans la position de prosternation. Pour la femme, une position plus jointe est préférée.

12. S’assoire de cette façon :
Il est écrit dans le Muwattaa : Chapitre XII comment doit-on s’asseoir pendant la prière :
Yahia Ibn Saïd a rapporté que Al-Kassem Ibn Muhammad montra aux fidèles la façon de s’asseoir pour faire le Tashahhud : il dressa son pied droit, plia le gauche, s’assit sur sa hanche gauche, et ne s’asseoit pas sur son pied (gauche). Puis il dit : « Abdullah Ibn Omar m’a montré cela en disant qu’il a vu son père faire de même ».
Selon Ibn abî Zayd dans sa Risâla chapitre 10 :
Il placera le pied droit en position verticale, la partie inférieure des orteils reposant sur le sol, il repliera le pied gauche et fera porter la fesse sur le sol en évitant de s’asseoir sur le pied gauche. S’il le veut, il inclinera le pied droit [préalablement] placé en position verticale et fera ainsi toucher terre au coté du gros orteil. En effet, ces dispositions n’ont aucun caractère strict.
(il est préférable pour l’homme en position assise d’espacer les cuisses et ne pas les joindre)

13. et 14. Mettre les mains sur les genoux en position d’inclinaison, avec les genoux droits (sans les courber).

15. Le fait que celui qui est dirigé par l’Imam lise la Fâtiha et la Sourate dans la prière qui ne se fait pas à voix haute (dans celle qui se fait à voix haute : il faut plutôt qu’il écoute attentivement son Imam).

16. Dans la position de prosternation: Les mains(ouvertes) seront à hauteur des oreilles (prés des oreilles ou en bas de celles-ci), avec les doigts joints(serrés) et en direction de la Qibla.
(On ne laissera pas les avant-bras reposer sur le sol ni les bras joints aux flancs(janb) : on éloignera modérément ces derniers de nos flancs.Pendant la prosternation aussi, les pieds seront posés verticalement, la face interne des gros orteils contre le sol)

17. Lever les mains à hauteur des oreilles dans la « Takîrat al-ihrâm » pour commencer la prière, ou au niveau des épaules.

18. Le fait de lire avec une des Sourates longues du Mufassal dites « Tiwâl al-mufassal » dans chacune des rak’at de la prière du Subh et dans chacune des deux premières Rak’at de la prière de Zuhr (pour leurs deux Sourates); lire avec une des Sourates moyennement longues du Mufassal dites « Awâsit al-mufassal » dans chacune des deux premières Rak’at de la prière de ‘Ishâ(pour les deux Sourates); et lire une des petites Sourates du Mufassal dites « Qisâr al-mufassal » dans chacune des deux premières Rak’at de la prière de ‘Asr et Maghrib(pour leurs deux Sourates).
Notez que:
« Tiwâl al-mufassal » veut dire : une sourate parmi les Sourates situées entre la Sourate 49(al-hujurât) incluse jusqu’à la Sourate 80(‘Abas).
« Awâsit al-mufassal » : une sourate parmi les sourates situées entre la sourate 80 incluse et la Sourate 93(adduhâ) incluse.
« Qisâr al-mufassal »: une sourate parmi les sourates situées entre la sourate 93 incluse et la Sourate 114 incluse (la fin du Coran).

Quant à celui qui dirige la prière (l’Imâm), il lui convient plutôt de prendre en considération l’état des gens dirigés (s’ils peuvent ou non tolérer de longues récitations) et leur souhait…

19. Le fait que la sourate (ou les versets) lue pendant la première rak’at soit plus longue que celle de la deuxième rak’at.

20. Le fait d’écourter la position assise pour le « tashahhud du milieu » (qu’elle ne soit pas plus longue que celle pour le « dernier tashahhud » )

21. Pour se prosterner, mettre d’abord les mains avant les genoux et pour se relever vers la position debout lever d’abord les genoux avant les mains (si possible).