Hikma n°94 – Ibn ‘Atâ’i -Llâh Al-Iskandarî commenté par Ahmad Ibn Ajiba

Quand il te fait obéissant et, de ton obéissance, détaché pour Lui : Sache qu’Il te comble de Ses grâces extérieures et intérieures.

            L’obéissance extérieure, c’est le respect des règles de la Shari’a. Le détachement intérieur se produit généralement lorsqu’on a contemplé la réalité. Lorsque tu es à la fois obéissant par le corps et libre de tout autre que Lui dans le coeur, alors sache qu’Il t’a comblé de Ses grâces, intérieures et extérieures, il t’a rendu parfait. Ce sont les marques que portent les gnostiques qui sont dans la proximité. Ils sont riches par Dieu et pauvres dans leurs relations à d’autres. Il n’ont nul besoin sinon de Celui qu’ils adorent. Ainsi, ils ne voient même plus leur adoration, tellement Celui qu’ils connaissent les distrait de leur connaissance, tellement Celui qui les conduit sur le chemin les distrait de leur chemin !

            Le shaykh Abu l-Hassan a dit dans son Hizb al-Kabir : “Nous te demandons la pauvreté pour tout ce qui est autre que Toi, et la richesse en Toi afin que nous puissions T’adorer”. Voilà des hommes qui sont riches en Dieu et dénués en Lui de tout autre que Lui. Leur adoration se fait par Dieu, pour Dieu et de Dieu, elle est reconnaissance pour Ses grâces et accomplissement des devoirs qu’implique la connaissance. Le Prophète -sur lui la paix et le salut -dit dans un hadith : “La richesse, ce n’est pas le fait d’avoir des biens. La richesse, c’est l’indépendance du soi”.

            Voilà la richesse en Dieu, et c’est la grâce véritable. La véritable grâce extérieure, c’est la parure du corps avec la Shari’a ; la grâce intérieure, c’est la radiance des secrets qui voient la Réalité. On a dit que la grâce extérieure, c’est la suffisance extérieure et le bien-être, et la grâce intérieure, c’est la guidance et la connaissance spirituelle. On a dit que la grâce extérieure, c’est le corps qui se repose de sa rébellion contre Ses commandements, et la grâce intérieure, c’est la tranquillité de ne pas mettre en cause Ses décrets. En réalité, une grâce, c’est toute chose qui ne provoque pas la douleur et qui n’est pas suivie de regret. On dit que la plus grande grâce, c’est de ne pas voir son âme égotique (nafs). On a dit aussi que c’est ce qui te relie à la réalité des choses et te purifie de tes attaches. Le succès est auprès de Dieu !

            Voici la fin du Chapitre huit. Pour résumer, il a traité du bon comportement à avoir lors des touches mystiques qui descendent dans le coeur, car il s’agit de dons particulièrement précieux. Et celui qui aspire au secours de ces compréhensions subtiles doit les cacher au fond de lui. La récompense ne viendra pas en ce monde, mais dans le monde de la subsistance. Là sa sincérité intérieure, celle qu’il avait dissimulée, sera connue et son élection sera manifeste, et il goûtera à la douceur de l’obéissance et de la foi, et il connaîtra sa valeur auprès du Roi, du Juge, et sa valeur sera immense !

            Dans l’autre monde, il se retire en Lui de tout autre que Lui. En échange, il le pare de Sa grâce. Lorsque Dieu te rend riche, tu n’as plus besoin de chercher. Si tu dois le chercher, alors cherche en Lui ce qu’Il cherche en toi !