Les portes de l ijtihad n ont jamais été fermées et restent ouvertes jusqu’à nos jours pour les savants compétents au regard du texte et du contexte. Nous en donnons ici les preuves irréfutables.
Le Prophète (paix et salut sur lui) avait enseigné à Mu’âdh ibn Jabal (surnommé le mieux connaissant du Halâl et du Harâm) avant de l’envoyer au Yémen comme messager des bonnes valeurs de l’Islam: « Selon quoi jugeras-tu lorsque le besoin s’en présentera ? – Selon le Livre de Dieu, avait répondu Mu’âdh. – Et si tu ne trouves pas (de solution explicite) dans le Livre de Dieu ? – Je jugerai alors selon les Hadîths du Messager de Dieu, avait répondu Mu’âdh. – Et si tu ne trouves pas (de solution explicite) dans les Hadîths du Messager de Dieu ? – Je ne manquerai alors pas de faire un effort de réflexion (ijtihâd) pour formuler mon opinion, avait répondu Mu’âdh. » Sur quoi le Prophète avait manifesté son approbation en ces termes : « Louange à Dieu qui a guidé le messager du Messager de Dieu vers ce qu’agrée le Messager de Dieu. »
Rapporté par at-Tirmidhî et Abû Dâoûd, voir aussi A’lâm ul-muwaqqi’în, tome 1 pp. 49-50.
Le Prophète (paix et salut sur lui) a dit : « lorsque le juge a fait un effort (juridique) (ijtahada) puis a atteint la vérité, il a deux récompenses, et s’il a fait un effort (juridique) et s’est trompé, il a une seule récompense ».
Rapporté par Al-Bukhârî : Hadîth n° : 6805 : chapitre : « Al- i‘tisâm bi al-kitâb wa as-sunna »
On cite également pour les preuves de l’authenticité de l’Ijtihâd, les Ijtihâd des grands compagnons comme celui de Sidna Omar (que Dieu l’agrée) le deuxième Calife, lorsqu’il leva temporairement la sanction contre le vol lors de la famine (alors que cette sanction est inscrite dans le Coran), ou encore la compilation du Coran faite sous les ordres de Sidna Abou Bakr et celle faite sous les ordres de Sidna Othmâne (que Dieu les agréent). Tout ceci pour l’intérêt de l’islam et des musulmans.
Parmi les ijtihad classés par certains savants comme Bayhaqî , Al-Nawawî , l’Imâm Al-Haytamî, Abou Bakr ibn Al ’Arabi, Al-Ghazâli, Ibn Hazm, Ibn al Jawzî, le Sultan des oulémas l’imam Al ‘Izz Ibn ‘Abd as-Salâm, Al Hâfiz ibn Hajar, ou encore l’imam Al-Shawkâni, dans son livre Nayl al-Awtâr comme bonne innovation (bidaa hasana):
Omar Ibn Al-khattâb(que Dieu l’agrée) instaura (centralisa) les prières Tarâwîh après la prière du ‘Ishâ (pendant Ramadan) en groupe dans les mosquées en disant : « Quelle bonne innovation celle-ci ! » .Cette parole de Omar (que Dieu l’agrée) est rapportée par Al-Bukhâri dans son Sahîh et par l’imam Mâlik dans Al-Mouwattaa (Livre 6: des prières surérogatoires à Ramadan chapitre II Hadîth 252): c’était à l’occasion de l’instauration (centralisation) des prières des Tarâwîh dirigées par un Imâm dans les nuits de Ramadan.
Les prières Tarâwîh sont bien un acte d’adoration et non un acte de la vie courante (‘adât)…
On cite aussi utilement de même, l’ajout d’un appel à la prière (Azân) par le troisième Calife Sidna ‘Uthmân Ibn ‘Affân pour le vendredi lorsque la population musulmane a augmenté (pour alerter, informer et rappeler encore mieux les croyants à cette prière capitale) : cela a été rapporté par Al-bukhârî dans son Sahîh :
As-sâib Ibn Yazîd (que Dieu l’agrée) rapporte : « l’appel à la prière (Azân) pour la prière du vendredi était au début un seul appel lorsque l’imâm s’asseyait sur le Minbar , c’était le cas à l’époque du Prophète(paix et salut sur lui) puis d’Abou Bakr puis de Omar, mais à l’époque de Uthmân (que Dieu l’agrée) les gens sont devenus nombreux et il ajouta un troisième appel (Azân)… »
Al-Bukhârî (912)
حديث السَّائِبِ بْنِ يَزِيدَ رضي الله عنه قَالَ
كَانَ النِّدَاءُ يَوْمَ الْجُمُعَةِ أَوَّلُهُ إِذَا جَلَسَ الْإِمَامُ عَلَى الْمِنْبَرِ عَلَى عَهْدِ النَّبِيِّ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ وَأَبِي بَكْرٍ وَعُمَرَ رَضِيَ اللَّهُ عَنْهُمَا فَلَمَّا كَانَ عُثْمَانُ رَضِيَ اللَّهُ عَنْهُ وَكَثُرَ النَّاسُ زَادَ النِّدَاءَ الثَّالِثَ عَلَى الزَّوْرَاءِ ‘ قَالَ أَبُو عَبْد اللَّهِ الزَّوْرَاءُ مَوْضِعٌ بِالسُّوقِ بِالْمَدِينَةِ
رواه البخاري 912
Sidna Uthmân (qui est Mujtahid comme Sidna Omar et comme les grands compagnons connaisseurs) a donc ajouté un acte de dévotion (Al-azân) (cela est encore appliqué dans toutes les mosquées du maghreb) parce que cela est utile pour la communauté et parce que cela ne va pas à l’encontre ni du Coran ni de la Sunna, au contraire cela s’accorde avec les nobles finalités de la religion.
Ceci dit, il est important et utile de signaler que l’Ijtihâd (effort juridique) et l’émission des Fatwas sont réservés exclusivement aux savants Mujtahid qui maîtrisent les règles du droit musulman, autrement c’est l’anarchie, la Fitna et l’égarement.
Ne peut faire l’Ijtihâd que celui qui a atteint le degré de savant « Mujtahid ».
On distingue un Mujtahid muqayyad (limité dans son école de droit) et un Mujtahid mutlaq (absolu, qui est le plus haut degré concernant cette noble science).
Usûl Al-Fiqh
Ce terme désigne la base du droit musulman, c’est-à-dire l’ensemble des textes et des outils qui ont permis aux savants (Mujtahid) d’émettre l’avis juridique (Fatwa) à propos des divers sujets en question.
Les deux premières sources des Usûl Al-Fiqh – pour les quatre écoles sunnites reconnues par la Communauté musulmane- sont le Coran et la Sunna. Les savants les appellent sources primaires.
Il n’est pas donné à n’importe qui d’interpréter le Coran et la Sunna. Celui qui interprète ces textes sacrés sans avoir la science nécessaire qui permet d’en déduire les jugements, celui là suit sa passion, s’égare et égare avec lui ceux qui le suivent.
On a précisé dans la rubrique « Conditions de la Fatwa et de l’interprétation» quelques règles liées à la compréhension et à l’interprétation des textes sacrés.
Pour les questions et sujets nouveaux qui n’ont pas été traités par les textes traditionnels, les quatre écoles ont eu recours à ce qu’on appelle les outils de l’Ijtihâd- l’effort juridique-.
On peut citer parmi ces outils:
*l’analogie (ou le rapprochement par rapport au texte traditionnel) « al-qiyâs »,
*le consensus « al-ijmâ’ » (basé sur la célèbre parole du Prophète (paix et salut sur lui): « Ma communauté ne peut pas avoir un consensus faux (égaré)[1] »,
*l’intérêt de la communauté « Al-masâlih al-mursala »,
*la préférence personnelle en vue du bien « istihsân »
*l’opinion personnel « Ar-ra’y » (spécialité de l’école hanafite) basé sur l’interprétation « ta’wîl ».
*la prévention de l’inconvénient « Sadd ad-darâi’ ».
L école malikite deuxième école de droit sunnite totalise un record de 17 sources secondaires qui permettent de déduire les avis (fatwas) par les savants compétents de façon juste sage et équilibré respectant à la fois le texte et le contexte et apportant aux gens la bonne solution loin de toute gêne ou difficulté.