Le Dhikr a été cité quatre vingt trois fois dans le Coran : il comprend la lecture régulière du Coran, la prière sur le Prophète[1] (paix et salut sur lui) et le tasbîh(l’invocation par les différentes formules)[2].
« Ceux qui ont cru, et dont les cœurs se tranquillisent (s’apaisent) à l’invocation d’Allah, n’est-ce point par l’invocation d’Allah que se tranquillisent (s’apaisent) les cœurs »[3].
«O, vous qui croyez ! Invoquez Allah d’une façon abondante »[4].
« La prière éloigne l’homme de la turpitude et des actions blâmables, mais l’invocation du nom de Dieu est ce qu’il y a de plus grand »[5].
L’invocation de Dieu (Lâ Ilâha illa Allah) a une importance capitale pour l’aspirant vers Dieu qui souhaite purifier son cœur et atteindre par là le degré d’excellence (Ihsân) : l’invocation aide le croyant à mieux accomplir les actes d’obligation comme la prière rituelle ou le jeûne car il permet d’acquérir une présence avec Dieu et d’atteindre un éveil de la conscience qui éloigne des péchés et des mauvaises pensées : le Dhikr agit en effet sur le cœur en le polissant et en le purifiant.
Le parole (Lâ Ilâha ila Allah) était le premier message passé par le prophète Sidna Muhammad (paix et salut sur lui) à sa communauté, il n’y avait pas de prescriptions autre que le Dhikr au début de la communication de l’Islam, car c’est par le biais de l’invocation abondante du Seigneur qu’on L’aime et qu’on obéit par conséquent sans peine à toutes Ses prescriptions. ‘Abdullah Ibn Busr –que Dieu l’agrée- a dit : un homme s’interrogea : « O Messager de Dieu ! Je trouve que les lois divines sont trop nombreuses, indique-moi une à laquelle je m’attache le plus ». Le prophète (paix et salut sur lui) lui répondit : « C’est, que ta langue ne cesse de mentionner Dieu »[6].
Par la mention abondante de Dieu on finira par L’aimer et L’adorer comme Il Se doit, et inversement si on L’aime, on se lassera jamais de Le mentionner.
Pour montrer que l’invocation de Dieu « le Dhikr » est meilleure que tout autre acte de piété et de dévotion, on cite le Hadîth suivant rapporté par Abû ad-Dardâ’ selon lequel le Prophète (paix et salut sur lui) a dit : « Voulez-vous que je vous annonce quelles sont les meilleures de vos actions, les plus pures auprès de votre Seigneur, celles qui vous élèvent le plus en degré, et meilleures pour vous que de dépenser or et argent en aumône, et meilleurs pour vous que de rencontrer vos ennemis lors d’une bataille pour les tuer ou pour qu’ils vous tuent ? Ils répondirent : Oui. Certes. Il reprit : Eh bien c’est l’invocation de Dieu le Très-Haut. » Un homme demanda : l’invocation est elle meilleur que le Djihâd (la guerre sainte) ? Le prophète répond alors : « même si le mudjâhid (le combattant) frappe avec son épée jusqu’à ce qu’elle se brise et se remplie de sang l’invocateur restera toujours meilleur que lui. »[7]
Et Mu`âd Ibn Jabal a dit suite à ce Hadîth : « Il n’y a pas de chose qui éloigne du châtiment de Dieu autant que l’invocation de Dieu. ».[8]
La mention de Dieu est essentiellement la vie des cœurs :
Abû Mûsâ Al-Ash‘arî -que Dieu l’agrée- a dit : le prophète (paix et salut sur lui) a dit : « Celui qui invoque Dieu et celui qui ne L’invoque pas, sont comparables au vivant et au mort ».[9]
Abû Mûsâ Al-Ash‘arî -que Dieu l’agrée- a dit : le prophète (paix et salut sur lui) a dit : « La maison où on invoque Allah, et la maison où on n’invoque pas Allah, sont comparables au vivant et au mort »[10].
Un autre Hadîth montre l’importance et la valeur inestimable que Dieu accorde à son serviteur qui l’invoque. C’est un Hadîth rapporté par Abû Hurayra qui rapporte que le Prophète (paix et salut sur lui) a dit : « Dieu exalté dit : Je suis tel que Mon serviteur M’estime, et je suis avec lui s’il M’invoque. S’il m’invoque en lui-même, je l’invoque en moi-même, et s’il m’invoque dans une assemblée, je l’invoque dans une assemblée bien meilleure encore…» [11]
D’un autre côté, l’importance de l’invocation de Dieu est telle que l’abandonner a des conséquences néfastes.
Allah dit dans le Coran :
«Et quiconque se détourne de Mon Rappel, mènera certes, une vie pleine de gêne/amertume, et le Jour de la Résurrection Nous l’amènerons aveugle au rassemblement» sourate 20 verset 124
« Et celui qui abandonne l’invocation de son Seigneur, On lui attribue un mauvais esprit qui ne le quitte pas. »[12]
Le manque de Dhikr peut conduire le musulman à devenir un hypocrite (munâfiq), ce qui est grave. A ce sujet, Dieu dit dans le Coran, en parlant des hypocrites (al munâfiqîn) : « Certes les hypocrites trompent Dieu, mais c’est Lui qui les trompe… » Jusqu’à ce qu’Il dise « …Et ils n’invoquent le Seigneur que peu »[13].
Nous comprenons donc de ce verset, par simple logique que, pour ne pas être un hypocrite, il ne faut pas invoquer le Seigneur peu mais l’invoquer beaucoup.
Le Dhikr se fait très souvent aussi en assemblée : « Et arrête-toi en compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, qui cherchent son visage. Et que tes yeux n’aillent point au delà d’eux »[14] .
Abû Hurayra et Abû Sa‘îd Al-khudarî –que Dieu les agrée tous les deux- rapportent que le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) a dit : « Il n’y a pas de gens qui se réunissent pour invoquer Dieu glorifié et honoré, sans que les anges ne les entourent (de leurs ailes), la miséricorde ne les enveloppe, la sérénité ne descende sur eux et Dieu ne les mentionne chez ceux qui se trouvent auprès de Lui »[15]
Abû Wâqid Al-laythî –que Dieu l’agrée- a dit : « Le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) était assis, un jour dans la mosquée en compagnie des musulmans, trois hommes entrèrent. L’un deux partit, alors que les deux autres avancèrent et se mirent à, contempler le Messager de Dieu (paix et salut sur lui). L’un deux trouva une place vacante dans le cercle (du Dhikr) et s’assit, tandis que l’autre pris place derrière les gens. Quand au troisième, il s’éloignit en tournant le dos. Quand le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) termina, il dit : « Voulez vous que je vous instruise au sujet de ces trois hommes ? Le premier a cherché refuge auprès de Dieu et Dieu le lui donna. Le deuxième a été empêché par sa pudeur de déranger les autres et Dieu a ressenti de la pudeur à son égard, quant au troisième, il s’est détourné de Dieu et Dieu s’est détourné de lui »[16]
Abû Hurayra rapporte : le prophète paix et salut sur lui dit : « Il y a des anges de Dieu qui font le tour des voies et des chemins sur terre pour chercher les assemblées de Dhikr. Dés qu’ils trouvent une assemblée de Dhikr, ils s’appellent et enveloppent de leurs ailes cette assemblée jusqu’au ciel inférieur. Ils montent ensuite vers le seigneur qui les interroge (alors qu’Il sait parfaitement ce qu’il en est) : « Que disent mes adorateurs ? », les anges répondent : « Ils Te glorifient, chantent Tes louanges, et invoquent par « lâ ilâ ha illa Allah » (yuhallilûna) », Dieu exalté dit alors : « Qu’est ce qu’ils espèrent (demandent) de Moi?», les anges répondent : « Ton Paradis », Dieu dit : « est ce qu’ils l’ont vu ? », « non », répondit l’assemblée des anges. « Qu’est ce qu’il en sera, s’ils avaient vu mon Paradis ? » leur dit Dieu. Les anges répondirent alors : « Leur adoration serait plus vive, leur imploration plus intense, leur louange plus nombreuse et leur glorification plus grande », « Qu’est ce qu’ils redoutent en m’implorant ? » leur demande Dieu, « Ton Enfer » répliquent les anges. Dieu dit : « est ce qu’ils l’ont vu ? », « non », répondirent les anges. « Qu’est ce qu’il en sera, s’ils avaient vu l’Enfer ? » leur dit Dieu. Les anges répondirent alors : « Ils se hâteraient de le fuir et le redouteraient plus ». Dieu dit alors : « soyez témoins, mes anges, que Je leur pardonne ! ». Un ange dit : « il y a telle personne qui n’est pas des leur, mais qui est venu pour une raison terrestre (une affaire quelconque) ». Dieu dit : « Je lui pardonne aussi, ne sera guère malheureux celui qui se réunit avec cette assemblée (Ils sont les compagnons, si quelqu’un prend part à leur réunion, il ne sera jamais malheureux) »[17]
‘Abd Allah Ibn ‘Abbâs dit « l’interprète du Coran »[18] [que Dieu l’agrée] dit : « Chaque fois que Dieu impose à son serviteur une Obligation, il donne à celle-ci une limite définie et il a excusé les personnes qui n’ont pas accompli cette obligation dans les cas de difficulté ou d’inaptitude, sauf pour le Dhikr, pour lequel Dieu n’a imposé aucune limite et pour lequel il n’a excusé personne s’il ne l’accomplit pas sauf s’il n’a pas ses facultés intellectuelles lui permettant d’être responsable de ses actes. Dieu a ordonné son invocation dans toutes les situations, c’est ce qui est dit dans le verset « ceux qui invoquent Dieu debout assis et couchés[19] », Dieu a dit aussi » Ô croyants, invoquer Dieu abondamment » (c’est-à-dire 🙂 nuit et jour en terre et en mer, en voyage ou chez vous, dans la richesse et la pauvreté, quand on est en bonne santé ou malade, secrètement ou ouvertement et dans toutes les situations. »
L’invocation de Dieu peut se faire avec le chapelet[20] ou avec la main, à tout moment, en tout état et en tout lieu : (sauf, bien sûr, dans lieux impropres, comme les toilettes ou la salle de bain).
Al-Imâm ’Abd Al Karîm Al qushayrî [que dieu l’agrée] a dit : « L’invocation de Dieu est la garantie de la sainteté, et la lumière du chemin qui mène vers la rencontre de Dieu, c’est le moyen de réaliser ses vœux, le signe du bon début sur le chemin vers Dieu, le signe annonciateur d’une fin heureuse sur le chemin vers Dieu, Il n’y a rien avant le Dhikr ( c’est le début de tout) et toutes les qualités nobles reviennent au Dhikr et prennent leur racine dans le Dhikr. »
Sidi Hamza Al-Qâdirî Al-Butshîshî maître vivant de la Tariqa Qâdiriyya Butshîshiyya dit à propos de l’invocation de Dieu : « Le Dhikr pratiqué régulièrement fait disparaître progressivement les désirs et les pensées impures. De la même manière, si des chasseurs se rendent chaque matin dans la forêt et tirent des coups de fusil, alors tous les animaux apeurés s’enfuient en entendant les coups de feu, puis reviennent un peu plus tard dans la journée. Mais comme les chasseurs reviennent tous les jours, les animaux finissent par changer d’endroit. »
Pour insister sur la difficulté de déceler puis d’extraire les vices de l’âme par nos seuls moyens, on cite le hadîth suivant rapporté par Al-Hakîm At-Tirmidhî: « L’association (la petite association : l’ostentation) au sein de ma communauté est plus cachée que la marche de la fourmis dans la nuit obscure dans la pierre plate… » [21].
وقال شداد بن أوس رأيت النبي صلى الله عليه وسلم يبكي فقلت ما يبكيك يا رسول الله قال إني تخوفت على أمتي الشرك أما إنهم لا يعبدون صنما ولا شمسا ولا قمرا ولا حجرا ولكنهم يراءون بأعمالهم
قال رسول الله صلي الله عليه وسلم
الشرك فيكم أخفى من دبيب النمل، وسأدلك على شيء إذا فعلته أذهب عنك صغار الشرك وكباره، تقول: »اللهم إني أعوذ بك أن أشرك بك وأنا أعلم، وأستغفرك لما لا أعلم ». تقولها ثلاث مرات.
[قال الحكيم (الترمذي): صغار الشرك كقوله »ما شاء الله وشئت »، وكباره كالرياء. (فليتنبه)]ـ
– الحكيم عن أبي بكر
الشرك أخفى في أمتي من دبيب النمل على الصفا في الليلة الظلماء، وأدناه أن تحب على شيء من الجور، أو تبغض على شيء من العدل. وهل الدين إلا الحب في الله والبغض في الله؟ قال الله تعالى: »قل إن كنتم تحبون الله فاتبعوني يحببكم الله »
[( »الصفا »: الصخرة والحجر الأملس.)]ـ
– الحكيم عن عائشة
Ibn ‘Âshir continue :
« Sache que l’origine de tous les vices et de la perte réside dans deux choses : la première, c’est l’amour du pouvoir (le fait de désirer être au dessus des autres, faire le chef, aimer avoir raison, et vouloir être écouté et obéis !) (Hubbu ar-riyâsat[22]), la deuxième est le fait d’oublier l’autre monde (et par là, ne pas se préparer à la rencontre de Dieu) ».
Et il donne le remède :
« Accompagne un guide qui connaît tous les secrets du chemin, il te protégera des périls dans ta voie, il te rappellera Dieu quand tu oublies, et te fera parvenir à ton seigneur »
[1] Nul ne peut prétendre aimer le Prophète sans prier sur lui abondamment (car si on aime quelqu’un on ne cesse de l’évoquer) :
« Dieu et Ses Anges bénissent le Prophète. O vous qui avez cru ! Invoquez pour lui (priez sur lui) sans cesse la bénédiction et le salut de Dieu » Sourate al-Ahzâb, 33, verset 56
Ce verset est la preuve irréfutable que la prière sur la Prophète est la clé du bonheur dans ce monde et dans l’autre, quelque soit la formule utilisée.
La prière sur le Prophète n’est pas spécifique. Les formules de prière sont innombrables et sa pratique n’est pas confinée à un lieu ou un moment précis.
Selon ‘Umar – que Dieu l’agrée –, le Prophète – que la Bénédiction et la Paix soient sur lui – a dit : « Chaque supplication est conservée dans le Paradis, et lorsque l’on prie sur moi, la supplication est envoyé [vers Dieu]. »
(Tradition rapportée par At-tirmidhî)
Et dans le Hadîth Sahîh de Al-Bukhârî, il est rapporté : « A chaque fois que quelqu’un prie sur moi, Dieu me rend mon âme pour que je lui rende son salut. »
Et il est rapporté aussi :
« A chaque fois que quelqu’un prie sur moi une fois, Dieu prie pour lui 10 fois. »(Tradition rapportée par Al-Bayhaqî)
Dans une Tradition rapportée par Ahmad et At-tirmidhî, Ubayy Ibn Ka’b demanda au Prophète – que la Bénédiction et la Paix soient sur lui – :
« « Ô Messager d’Allah, je fais beaucoup de prières. Quelle proportion [de supplications] dois-je faire pour toi ? »
Le Prophète – que la Bénédiction et la Paix soient sur lui – répondit:
« Ce que tu veux. »
Ubayy dit alors: « Le quart ? »
Le Prophète – que la Bénédiction et la Paix soient sur lui – lui dit : « Ce que tu veux. Si tu fais plus, ce sera mieux pour toi. »
Ubayy dit alors: « La moitié ? »
Le Prophète – que la Bénédiction et la Paix soient sur lui – répondit :
« Ce que tu veux. Si tu fais plus ce sera mieux pour toi. »
Ubayy dit alors : » Alors toute ma prière sera alors pour toi. »
Le Prophète – que la Bénédiction et la Paix soient sur lui – lui dit :
« Si tu fais cela, alors tous tes tracas disparaîtront et tes péchés seront pardonnés. » »
[2] Le Faqîr (disciple d’une voie spirituelle) organise sa journée pour concilier entre son travail et les invocations : outre les prières obligatoires et les piliers de l’Islam, le Faqîr lit régulièrement le Coran (deux hizb par jour pour ceux qui peuvent), prie sur le Prophète (paix et salut sur lui) et invoque abondamment Dieu en respectant les convenances du Dhikr (s’assoire en direction de la Qibla en étant en état d’ablution…) : ceci grâce à la compagnie et aux directives de son maître spirituel.
[3] Coran : Sourate 13, verset : 28.
[4] Coran : Sourate 33, verset : 41.
[5] Coran : Sourate 29, verset : 45.
[6] Rapporté par At-tirmidhî : le Dhikr rend les actes d’adoration plus aisés à accomplir et permet plus de présence avec Dieu dans ces actes.
[7] Hadîth Sahîh, rapporté par Ibn Mâja et At-tirmithî.
[8] Ce bas monde ainsi que tous ce qu’il contient est maudit, sauf l’invocation, ce qui s’y rattache et la science utile (pour celui qui l’apprend et celui qui l’enseigne), nous informe notre bien aimé Prophète (paix et salut sur lui) : Sunan At-tirmithî, le livre du Zuhd.
[9] Tradition rapportée par Al-Bukhârî, Hadîth 2089 (p 872) : le livre des invocations (73): « le sommaire du sahih al-bukhârî » par L’Imam Zein Ed-Dine Ahmed ibn Abdul-Latif A-Zoubaidi (Tome II).
[10] Hadîth rapporté par Al-Bukhûrî et Muslim selon Abû Mûsâ Al-ash‘arî.
[11] Rapporté par Al-Bukhârî, Hadîth 2224 (p 931) le livre de l’Unité de Dieu et de la réponse adressée aux Jahmiyyas et aux autres : « le sommaire du sahih al-bukhârî » par L’Imam Zein Ed-Dine Ahmed ibn Abdul-Latif A-Zoubaidi (Tome II). Dans une autre version : Le prophète (paix et salut sur lui) dit, Dieu dit : « Je suis avec mon serviteur tant qu’il M’invoque, et que ses lèvres bougent avec mon Nom (Mon invocation) » : Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim.
[12] verset 36 de la Sourate 43
[13] Sourate 4 versets : 142 et 143.
[14] Coran : Sourate 18, verset : 28.
[15] Rapporté par Muslim dans le chapitre de l’invocation et de la prière : le mérite de la réunion pour lire le Coran et pour invoquer Dieu : hadîth numéro : 2700. Le prophète paix et salut sur lui compare aussi les assemblées de Dhikr, dans un autre Hadîth, aux jardins du Paradis.
[16] Tradition rapportée par Al-Bukhârî, Hadîth 60 (p 37) : le livre de la science (3) dans « le sommaire du sahih al-bukhârî » par L’Imam Zein Ed-Dine Ahmed ibn Abdul-Latif A-Zoubaidi (Tome I), rapporté aussi par Muslim.
[17]Rapporté par Al-Bukhârî dans le chapitre des mérites du Dhikr : 11/177,179, rapporté aussi dans « Sommaire du Sahîh Al-Bukhârî (At-Tajrîd As-Sarîh) » : auteur : Imam Zein Ed-dine Ahmad Ibn Abdul- Latif Az-zoubaidi : traduction Fawzi Chaaban : (Tome II , p : 434, Hadîth 2090) et Muslim dans le chapitre du mérite des assemblées de Dhikr : Hadîth numéro 2689 : il est même rapporté que chaque réunion entre musulmans qui ne comporte pas une invocation ou une prière sur le prophète (paix et salut sur lui) sera un regret (shirratun) au jour du jugement (pour les gens réunis).
[18] En effet, les explications que ce compagnon donne des versets du Coran font référence chez tous les savants musulmans. Ainsi, selon l’explication d’Ibn ‘Abbâs, « adorer Dieu » c’est connaître Dieu et on ne peut adorer ce que l’on ignore : la porte de la connaissance c’est donc l’invocation ‘Dhikr’. Certains savants musulmans ont précisé que cette connaissance de Dieu dont il est question dans le verset suivant : « Je n’ai créé les djinn et les êtres humains que pour qu’ils M’adorent », n’est pas la connaissance que l’on acquière à travers les livres et qui est généralement désignée par « sciences exotérique » (‘ilm al-zâhir), science intellectuelle, accessible par la raison. Au contraire, cette connaissance (ma’rifa), dit aussi « science ésotérique » (‘ilm al-bâtin), ou encore « science venant de Dieu » (‘ilm ladouni), est une science du cœur : donc accessible par l’invocation de Dieu et la compagnie des gens de l’invocation.
[19] « Ceux qui invoquent Dieu, debout, assis, couchés et méditent sur la création des cieux et de la terre… » Sourate 3, versets: 190-191
[20] Nombreux sont ceux qui aujourd’hui discourent sur la licéité de l’usage du chapelet (subha).
Certaines personnes, qui se considèrent doctes, ont émis un avis défavorable à son utilisation, la qualifiant d’innovation blâmable (bid’a) en argumentant de la faiblesse deshadîths utilisés.
En premier lieu, il est bon de rappeler que, par consensus des savants, une tradition, même faible, permet de classer une pratique dans la catégorie des pratiques recommandées (mustahabb).
L’imâm Jalâl-al-ddîn al-Suyûtî dans son livre « al-Minha fî as-subha » (« Les bienfaits du chapelet ») a réuni beaucoup d’informations et de réflexions sur ce sujet. Il cite notamment un hadîthmarfû’ rapporté par ‘Alî: « Quel excellent moyen de se souvenir de Dieu que le chapelet! »
‘Abd-Allah, le fils de Ibn Hanbal, rapporte dans les « Zawâyid az-zuhd » que Abû Hurayra « avait un fil qui contenait mille nœuds; il ne dormait pas avant de glorifier Dieu autant de fois qu’il y avait de nœuds ». Selon d’autres sources, Abû l-Dardâ’ faisait de même.
On rapporte que Jâbir a dit qu’une femme a vu Fâtima, fille d’al-Husayn, petit fils du Prophète –que la paix et la grâce de Dieu soit sur lui -, en train d’invoquer en utilisant un fil composé de plusieurs nœuds.
Abû Dawûd, At-tirmidhî, Nasaî et al-Hâkim dans leur compilation de ahadîth (« Sunan ») rapportent d’après une chaîne de garants authentiques que Sa‘d Ibn Abî Waqqâs et l’Envoyé de Dieu – que la paix et la grâce de Dieu soit sur lui- s’étaient rendu chez une femme qui utilisait des noyaux de dattes ou des petits cailloux qui lui servaient de chapelet. Le Prophète lui a dit : « Je vais t ‘apprendre quelque chose de meilleur pour toi. Dis : « Gloire à Dieu autant de fois que le nombre de Ses créatures. Gloire à Dieu autant de fois qu’Il est satisfait de Lui-même. Gloire à Dieu autant de fois nécessaire pour transcrire Ses paroles. » »
Ibn ‘Âbidîn, le savant hanafite, considère que ce hadîth légitime l’usage du chapelet, puisque le Prophète (paix et salut sur lui) ne l’a pas interdit, mais il lui a juste conseillé d’effectuer des pratiques qui seraient pour elle plus facile à exécuter. Si le chapelet était illicite, il le lui aurait interdit.
On rapporte que le Prophète a dit : « Quiconque dit 70000 fois : « Pas de divinité si ce n’est Allah », Dieu interdit qu’il aille en Enfer. » Or, comment compter 70000 fois une invocation sur ses doigts, sans utiliser un instrument qui permet de ne pas se tromper.
Une règle juridique bien connue considère que les moyens utilisés pour effectuer une pratique recommandée sont aussi conseillés. En conséquence, le dhikr (invocations) est légitimé par un très grand nombre de hadîths, donc les méthodes qui facilitent cette pratique (le chapelet par exemple) sont recommandées également.
Les savants de la communauté sont unanimes à préconiser l’utilisation de la subha.
Ibn Al-jawzî, le célèbre théologien, a dit: « Le chapelet est recommandé (mustahabb) en se
référant au hadîth de Sâfiyya qui « glorifiait Dieu » en utilisant des noyaux de dattes ou de petits cailloux. Le Prophète a approuvé son procédé. Encore faut-il que son but ne contredise pas son objet. »
Shaykh Muhammad Ibn ‘Allân, dans « Al-Futuhât ar-rabbâniya ‘alâ al-adhkar an-nawâwiyya » écrit: « L’emploi du chapelet se justifie davantage quand il s’agit de compter de nombreuses invocations. En comptant avec les doigts ou avec autre chose, l’esprit, absorbé par cette comptabilité, peut être distrait du contenu du dhikr. »
Le sheykh Abdel-Kader Aïsa, dans son livre « Les Vertus du Dhikr », observe que « le serviteur invoque Son Maître (…) [en] utilisant un chapelet qui lui permet de compter ce qu’il veut atteindre comme nombre désiré sans se fatiguer par un comptage mental.» voir : Shaykh Abdel-Kader Aïsa, Les Vertus du Dhikr, éd. : Iqra, 1996.
[21] Le hadîth montre que l’ostentation est une chose difficilement détectable par l’individu lui même et qu’il faut une éducation spirituelle en bonne et due forme pour percevoir ces vices cachés et s’en débarrasser.
[22] Sidi Hamza -maître vivant de la Tariqa Qâdiriyya Boutshîhiyya- dit : « L’âme charnelle aime faire le chef, le dernier vice qui est extrait du cœur du Faqîr (disciple) est l’amour du pouvoir (Hubbu arriyâsati) »