Hikma n°38 – Ibn ‘Atâ’i -Llâh Al-Iskandarî commenté par Ahmad Ibn Ajiba

Rien de ce que tu veux obtenir par ton Seigneur n’est impossible ! Rien de ce que tu veux obtenir par toi-même n’est facile !

        Etre retardé dans ce que l’on veut obtenir, c’est la difficulté et les obstacles. Lorsque tu as besoin d’une chose dans ce monde ou pour l’Autre et que tu veux être satisfait dans les plus brefs délais, alors cherche à l’obtenir par Dieu et non pas par toi-même. Si tu la recherches par Dieu, elle te sera facile et rapide d’obtention. Si tu la recherches par toi-même, il sera très difficile et pénible de l’obtenir. Ce que tu cherches par ton Seigneur n’est pas retardé ou bloqué et ce que tu cherches par toi-même n’est pas facile ou simple. Dieu le Très-Haut dit : “Moïse dit à son peuple : “Demandez assistance à Dieu, ayez patience. La terre n’appartient qu’à Dieu. Il en fait hériter qui Il veut parmi Ses adorateurs”. (Coran 7 : 128) Quiconque recherche une chose par Dieu, et reste patient, il résultera pour lui le succès et il sera au nom des craintifs de Dieu.

        Dieu le Très-Haut dit : “Et quiconque place sa confiance en Dieu, Il lui suffit”. (Coran 65 : 3) C’est à dire : Il s’occupera de ce qui lui est source d’inquiétude”. Le Prophète -sur lui la paix et le salut -a dit à l’un de ses Compagnons, Suwayd ibn Ghafala: “Ne recherche pas la place de commandeur. Si tu la recherches, tu en seras prisonnier. Si elle t’arrive sans que tu la recherches, tu seras aidé”.

        Le signe que l’on cherche par Dieu, c’est d’être détaché du résultat et d’être distrait du résultat par Dieu. Lorsque le bon moment arrive, c’est par la permission de Dieu. Le signe que l’on cherche par soi-même, c’est l’attachement au monde et l’investissement à outrance. Lorsque la chose s’avère difficile à obtenir, on est contracté et désemparé. Voilà le critère pour savoir si on cherche par Dieu ou si on cherche par soi-même. Si on cherche par Dieu, la Réalité de la recherche est comblée, même si elle ne l’est pas en surface. En revanche, si on cherche par soi-même, l’effort n’est pas comblé et le moment est gâché, même si en surface le désir et le besoin sont comblés.

        Voici une règle reconnue des gens de l’attention et des gens de la sainteté. Le shaykh ash-Shadili a dit : “Lorsque Dieu veut honorer Son serviteurs dans tous ses mouvements et dans sa tranquillité, Il lui fait voir la soumission à Dieu et Il lui voile son ego (nafs) face à Ses décrets. Ainsi, il ne se tourne pas vers son ego face aux évènements, comme s’il en était coupé. En revanche, lorsque Dieu veut rabaisser son serviteur dans tous ses mouvements et dans sa tranquillité, Il lui fait voir son ego et Il lui voile sa soumission. Ainsi, il est balloté dans ses passions et appétits terrestres. La soumission à Dieu lui est coupée. S’il arrive quelque chose au serviteur honoré, il se dit : “Voici une porte de la sainteté et de la servitude !” Mais le plus grand véridique et le plus grand saint, c’est celui de l’homme éclairé pour qui toute chose a la même valeur, car il est en Dieu quoi qu’il prenne et quoi qu’il laisse. Le shaykh Zarruq a cité cela dans l’un de ses commentaires.

        Pour conclure sur ce point, toute les actions du connaissant en Dieu se font par Dieu et toutes les actions des autres se font par soi-même. Si elles avaient été par Dieu, alors elles auraient eu pour conséquence le rapprochement de Lui. Si elles avaient été pour Dieu, alors elles auraient mérité une récompense. Celui qui agit par Dieu pénètre le voile de la contemplation des amoureux. Agir pour Dieu entraîne une récompense qui se situe au-delà de la Porte[1]. L’action par Dieu est donnée par les gens de la réalisation spirituelle, et l’action pour Dieu est donnée par les gens de la science législative. L’action pour Dieu vient des gens de la parole de Dieu : “C’est Toi que nous adorons”. L’action par Dieu vient des gens de la parole de Dieu : “C’est toi dont nous implorons secours”[2].

        Le shaykh sidi ‘Ali a dit : “La différence entre l’action par Dieu et l’action pour Dieu, c’est celle de la différence entre le dinar et le dirham”. Le succès est auprès de Dieu. Celui qui est connaissant par Dieu retourne à Lui à tout moment et s’abandonne à Lui en tout état. Il [Ibn ‘Ata- Allah] indique cela lorsqu’il dit :Le signe du succès final : le retour à Dieu dans les commencements.


[1]C’est à dire une récompense après la mort. Celui qui agit par Dieu pénètre le secret de l’action de son vivant.

[2]C’est le cinquième verset de la Fatiha, sourate liminaire du Coran.