Hikma n°45 – Ibn ‘Atâ’i -Llâh Al-Iskandarî commenté par Ahmad Ibn Ajiba

Scruter les défauts cachés en toi vaut mieux que chercher à découvrir les choses invisibles qui te sont voilées.

        Scruter une chose, s’est chercher une chose par préoccupation.

        O humain, il vaut mieux pour toi scruter les défauts cachés en toi, tels que l’envie, l’orgueil, l’amour du rang et du pouvoir, l’angoisse de perdre sa subsistance, la peur de la pauvreté, la recherche de l’élection et ainsi de suite, et les pourchasser pour t’en libérer, plutôt que de chercher à découvrir les choses invisibles qui te sont voilées, comme, par exemple, les secrets d’autrui, ce que te réserve le destin, les mystères et les énigmes de l’Unité divine, car tu es indigne de connaître tout cela -car la recherche de failles chez autrui vit toujours dans ton coeur et ton coeur est le lieu de la vie éternelle et de la douceur édénique. Chercher à découvrir les choses invisibles est un excès et peut te détruire par l’orgueil ou par le fait de te donner toujours raison. Si tu fais cela, arrivera ce que prédit le shaykh : “Si on perçoit le secret des hommes sans prendre sur soi l’attribut de miséricorde, alors ce qu’il perçoit des hommes devient un motif pour les accuser [de telle ou telle chose] et lui apporte de mauvaises choses”.

        Sache que les défauts sont de trois catégories : les défauts de l’âme (nafs), les défauts du coeur et les défauts du Soi (ruh). Les défauts de l’âme, ce sont ses attachements à ses appétits physiques, comme la bonne nourriture, la boisson, les habits, les montures, les maisons, les épouses, et la vie en général. Les défauts du coeur sont les attachements aux appétits du coeur, tels que l’amour du prestige, du pouvoir, la fierté, l’envie, la rancoeur, l’amour de la position sociale, le sentiment d’élection, et tout les sentiments corollaires à ceux-là parmi les attributs de l’humanité, et par la grâce de Dieu. Les défaults du Soi, ce sont ses attachements aux choses reçues de Dieu, comme la recherche de miracles (karamat), des stations, des châteaux, des houris et d’autres choses.

        Le fait de rechercher tout cela distrait l’aspirant de sa servitude et le retient de reconnaître les droits de la Seigneurie. Il est donc mieux pour lui de scruter ses défaults afin de purifier son âme, son coeur et son Soi. L’effort dans la purification de tout cela est meilleur que de chercher à découvrir les choses invisibles qui sont voilées. Le succès est auprès de Dieu !

        Lorsque nous parlons de renoncement, nous parlons du fruit du renoncement. Ce fruit, c’est la parure de la connaissance. La parure de la connaissance est reniée à l’aspirant seulement à cause de son âme, son coeur et son Soi qui ne cessent de creuser leur imaginaire à la recherche de ce qu’ils voudraient recevoir !

Dieu n’est pas voilé : ce sont tes yeux qui portent un voile. Car pour voiler Dieu, il faut Le couvrir, et Le couvrir, c’est Le contenir et Le dominer : “Or Dieu domine au-dessus de Ses serviteurs.” (Coran 6 : 18)