Pour être à l’écoute de l’appel de Dieu et proche de Sa présence, Supprime de ton humanité tout attribut contraire à ton état de servitude.
Les attributs “de l’humanité”, ce sont ceux qui sont contraires à ton état de servitude sincère. Ils découlent de deux attitudes. La première, c’est l’attachement du coeur aux attributs animaux, autrement dit des appétits du ventre et des organes génitaux, et ce qui découle de ces appétits en matière d’amour de ce monde et de ses passions éphémères. Le Très-Haut dit : “On a enjolivé au gens l’amour des choses qu’ils désirent : femmes, enfants, trésors, thésaurisés d’or et d’argent, chevaux marqués, bétail et champs ; tout cela est l’objet de jouissances pour la vie présente, alors que c’est près de Dieu qu’il y a bon retour”. (Coran 3 : 14)
La seconde attitude des attributs de l’humanité, c’est de se parer des caractéristiques des diables (shayatin) : l’orgueil, l’envie, la rancoeur, la colère, l’anxiété, le manque de réflexion, l’arrogance, l’amour du rang social, le désir de diriger, d’être apprécié, la dureté, la secheté, la vulgarité, le respect du riche et le dédain du pauvre, la peur de cette pauvreté, l’inquiétude quand à sa subsistance, l’avarice, l’ostentation, le sentiment de supériorité et d’innombrables autres, tellement nombreux qu’on a pu dire : “L’âme a autant d’imperfections que Dieu a des perfections !”
Le shaykh Abu ‘Abdu r-Rahman as-Sulami a écrit un livre nommé “Les maladies de l’âme et ses remèdes”. Le shaykh Zarruq a écrit environ huit cent vers à ce sujet. Si Dieu te donne un shaykh éducateur d’âmes, ne désires rien d’autre qu’une bonne ouïe et l’humilité de le suivre !
Lorsque le disciple quitte les attributs animaux, il revête les attributs spirituels : le détachement, le scrupule, le contentement, la chasteté, l’indépendance en Dieu et l’intimité avec Lui. Lorsqu’il quitte les attributs des diables, il revête les attributs des croyants et des anges : l’humilité, le coeur ferme, l’endurance, la tranquillité, le sérieux, la paix, la facilité d’âme, la gentillesse, la banalité sociale, le contentement de la connaissance de Dieu, la compassion, la clémence, le respect des pauvres et des indigents ainsi que des gens de noble lignée et de toute la communauté, la générosité, la facilité dans le don, la magnanimité, la sincérité, la véracité, l’attention, la contemplation et la connaissance spirituelle.
Dès lors que l’on met en pratique ces attributs et qu’on les réalise pleinement, par le goût, après s’être libéré de leurs opposés, alors on est un serviteur sincère du Seigneur, libre du tout-autre-que-Lui. On a répondu à Son appel et on est proche de Sa Présence. Lorsque le Seigneur dira “Mon serviteur”, on répondra “O Seigneur !” La réponse sera sincère car elle viendra d’un serviteur véridique, contrairement à celui qui est obnubilé par ses appétits extérieurs et intérieurs, et qui est esclave de lui-même et de ses appétits. Lorsque celui-là dit : “O Seigneur !”, il est hypocrite car celui qui aime une chose devient son esclave et Dieu ne veut pas que l’on soit l’esclave d’un autre que Lui. Lorsqu’on se libère des chaînes des appétits on est aussitôt proche de la Présence à Dieu. Mais on est dévoué à ces appétits, car rien ne nous a jamais sortis de cette Présence si ce ne sont ces illusions imaginaires ! Dès lors que l’on s’en libère et que l’on réalise l’état de servitude, on se trouve dans la Présence.
Sache que Dieu a fait de ces attributs humains qui voilent de la Présence un mouchoir avec lequel on nettoie les saletés de l’ego, de Satan, et du monde. Dieu a fait de l’ego et de Satan un mouchoir qui nettoie les actions blâmables ; Il a fait de l’humanité un mouchoir qui nettoie les attributs les plus vils. Tous ceux-là ne sont que des lieux de manifestation du Réel et des effluves épiphaniques du Réel. Il n’y a que Lui, et il n’y a de puissance ou de force que par Lui !
La raison pour laquelle ces défauts restent en l’homme malgré sa sagesse, s’est le fait d’en être inattentif. La raison pour laquelle on n’y est pas attentif, c’est la satisfaction de soi. Si l’homme était insatisfait de son âme, il aurait déniché ses défauts, il les aurait extrait de lui-même et ainsi il en aurait été purifié. Voilà pourquoi il [Ibn ‘Ata- Allah] dit : Etre satisfait de toi-même : voilà la racine de toute désobéissance, de toute négligence et de toute passion.