Hikma n°54 – Ibn ‘Atâ’i -Llâh Al-Iskandarî commenté par Ahmad Ibn Ajiba

Que l’intentionnalité de ton aspiration ne vise pas quelqu’un d’autre au-delà de Lui : Le Généreux n’est jamais dépassé par les espoirs !

            L’intentionnalité de l’aspiration marque le lieu vers où tu la diriges. L’aspiration (himma), c’est la force intérieure que l’on met en oeuvre afin d’atteindre un but. Les espoirs, c’est ce qui est visé.

            Ô aspirant, lorsque ton aspiration se relie à une chose que tu veux obtenir, alors reviens vers Dieu et ne relie rien à Lui, car c’est Lui le Généreux et Ses grâces coulent en abondance de nuit comme de jour. Les espoirs ne peuvent pas aller au-delà de la Volonté de Dieu. Il veut qu’on Lui demande quelque chose pour donner ce qui est demandé. On a dit dans l’explication du Nom divin “le Généreux” qu’Il est Celui qui donne lorsqu’on demande, Celui qui n’a cure de la quantité donnée à telle ou telle personne.

            Lorsque tu adresses ta demande à un autre que Lui, Il est courroucé. Et lorsqu’Il se fait sévère, Il est clément. Lorsqu’Il réprouve, il n’en garde pas rancune. C’est là une partie de Sa parfaite générosité et de l’entièreté de Sa miséricorde et de Sa grâce. Sidi Ibrahim a écrit cela dans une qasida[1] :

            La perfection de Dieu est le plus parfait des biens.

                        Dieu, sans aucun doute, détient la perfection.

            L’amour de Dieu est la plus noble des intimités,

                        alors n’oublie pas de revêtir la solennité.

            L’invocation (dhikr) de Dieu parcourt chaque membre

                        et cet état est meilleur que ce qui étanche la pire des soifs.

            En vérité rien n’existe en dehors de Dieu,

                        alors écarte de ton être toute prétention !

            Lorsque tu prends conscience de Sa générosité, de Sa magnaminité, de Sa perfection et de Sa clémence, tu ne peux rien demander à un autre que Lui, et de toute manière, il ne te t’exaucerait pas. Il [Ibn ‘Ata- Allah] ajoute :

N’expose pas à quelqu’un d’autre un besoin dont Il est l’auteur.


[1]Poème, chantés dans les soirées d’audition spirituelle soufies. Ecrits par des maîtres ou par des disciples emportés par l’inspiration, ces qasaid sont encore pratiquées de nos jours.