Hikma n°16 – Ibn ‘Atâ’i -Llâh Al-Iskandarî commenté par Ahmad Ibn Ajiba

Ou souhaiter l’intelligence intime des mystères, s’il ne s’est repenti de ses moindres chutes?

Souhaiter quelque chose, c’est la désirer tout en se donnant les moyens de l’obtenir. Sinon, cela ne reste qu’au niveau de la pensée. On appelle fahm le geste d’obtenir la connaissance de ce qui est désiré. Les mystères intimes, ce sont les parties inscrutables de l’Unité divine. Le repentir (tawba), c’est  se détourner de tout attribut blâmable. Il s’agit ici du repentir de l’élite. Les chutes, ce sont les absences et les erreurs.

On ne peut avoir l’intelligence intime des mystères que si on fait preuve de persistance. On peut dire aussi que les parties inscrutables de l’Unité divine ne peuvent être connues que par un cœur isolé. Si quelqu’un ne se repent pas de ses chutes et ne se libère pas de l’enchaînement de ses appétits, il ne pourra pas souhaiter l’intelligence intime des parties inscrutables de l’Unité divine et ne pourra goûter aux secrets des gens de l’isolement.

Ahmad ibn Abi l-Hawari dit : “J’ai entendu mon shaykh, Abu Sulayman ad-Darani, dire : “Lorsque l’âme s’habitue à l’abandon des mauvaises actions, elle visite le Malakut et rapporte de son voyage à son propriétaire des sagesses exquises qu’un savant ne peut pas ramener avec sa science”. Ahmad ibn Hambal lui répondit : “Tu dis vrai, Ahmad, et ton shaykh aussi ! Je n’ai jamais entendu de sagesse d’Islam que j’aime autant que ces paroles. Si quelqu’un agit selon sa science propre, il aura la connaissance, mais ce ne sera pas une connaissance de Dieu.”

On demanda à al-Junayd :

“Quel est le chemin de l’ouverture spirituelle?

Il répondit :

-C’est  la science de l’Unité (tawhid) qui délivre de la persistance dans l’erreur, la crainte révérencielle qui coupe de la procrastination,  l’espoir qui fait se mouvoir sur les chemins de l’action, le rabaissement de l’ego en le rapprochant de son terme et en l’éloignant de tout espoir.

On lui demanda alors :

-Mais qu’obtient-on  en faisant cela? Il répondit :

-Un cœur isolé dans lequel se trouve une science dépouillée de tout sauf de l’Unité divine. Lorsque le cœur est isolé avec Dieu est qu’il est purifié du tout autre que Lui, il saisit les mystères de la science de l’Unité ainsi que ses concepts inscrutables et inexprimables. Ils ne paraissent que par allusion et par indication, compris et dévoilés seulement à ceux qui les connaissent. Et peu sont-ils ! Si un de ceux-là divulgue de ses secrets à des gens qui n’en sont pas, alors il s’expose à la mise à mort, comme le dit Abu Madyan :

            Il y a, au fond du mystère, des mystères fins et subtils.

                        Si nous les divulguions explicitement, notre sang coulerait !

Un autre dit :

            J’ai un Bien-Aimé pour qui je ne cache pas mon amour,

                        Je crains ma disgrâce le Jour de la Rencontre avec Lui !

Ces mystères sont ceux de l’Essence, ce sont ceux que Dieu manifeste par allusion dans le monde des phénomènes. C’est ce qu’il (Ibn ‘Ata- Allah) indique dans la hikma qui suit :

Ténèbres est le monde entier : seule l’illumine l’épiphanie de Dieu en lui. Lire plus …