Hikma n°35 – Ibn ‘Atâ’i -Llâh Al-Iskandarî commenté par Ahmad Ibn Ajiba

Pas un souffle que tu émets sans qu’Il réalise en toi un de Ses décrets.

        Le “souffle” représente ici un lapse de temps, le temps que cela prend d’inspirer et d’expirer une bouffée d’air. Il est plus prolongé qu’un pétillement d’oeil, qui lui dure plus longtemps qu’un instant, le temps que dure un simple coup d’oeil. Le décret, c’est la prescience des choses avant qu’elles n’apparaissent. Il sait mieux les lapses de temps, les lieux, les quantités et le nombre des individus, les circonstances et les afflictions qui les assaillent.

        Ô homme, si tu réalises que chacun de tes souffles est contenu dans le décret, et que rien n’apparaît de toi ou d’autrui sans qu’Il ne l’ait eu en prescience et qu’Il procède en toute cohérence avec celle-ci, alors tu ne peux que te contenter de ce qui survient par décret. Tes souffles sont comptés tout comme tes coups d’oeil et tes instants. Lorsque ton dernier souffle arrive, tu voyages alors vers l’Autre Monde. Si tes souffles sont comptés, alors pourquoi te préoccupes-tu de tes moindres gestes, de tes pensées, de tes actions ?

        La réalité de la satisfaction en Dieu (rida), c’est de faire face à des situations destructives avec un visage souriant. La réalité de la soumission en Dieu, c’est que la peine et la récompense soient égales : dans les deux cas, tu n’as pas d’autre choix ! Voilà la station des gens de la perfection, ceux qui ont accompli leur évanouissement en Dieu. Que Dieu nous fasse profiter du bienfait de leur invocation et qu’Il nous unisse à eux, Amin !

        Puis il [Ibn ‘Ata- Allah] évoque la septième attitude spirituelle : le fait d’être attentif à Dieu et d’être le témoin continu de Lui :

Ne sois pas dans l’attente que cessent en toi les altérations.

Cela t’empêche, dans l’état où Il te met, d’être attentif à Lui seul.