Hikma n°40 – Ibn ‘Atâ’i -Llâh Al-Iskandarî commenté par Ahmad Ibn Ajiba

Celui dont les débuts sont illuminés, illuminée aussi sera sa fin.

        L’illumination du début, c’est de commencer la chose par Dieu, la rechercher par Dieu et de s’en remettre à Dieu, tout en agissant dans le monde des moyens et tout en se préoccupant d’établir la justesse et de faire preuve de courtoisie spirituelle face au Décret. L’effort dans le monde des moyens est plus ou moins grand en fonction de la grandeur de l’objectif. La contemplation qui s’en suit est plus ou moins grande selon l’effort. “Et quand à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers. Dieu est en vérité avec les bienfaisants.” (Coran 29 : 69) ; “La miséricorde de Dieu est proche des bienfaisants.” (Coran 7 : 56)

        Le shaykh sidi ‘Abdu r-Rahman a dit : “Ne vas pas croire que la nourriture de l’object du désir soit peu onéreuse. Elle est chère ! Ce que tu moissonnes en été ne se fait seulement à la douceur de la nuit. Si nous voyons quelqu’un qui se presse dès le commencement dans le recherche de Dieu, se détournant de son intimité avec la création, absorbé dans le service de son Seigneur au point d’en oublier sa passion et son désir, nous savons que sa fin sera illuminée, que son issue sera digne de louanges et que son but sera atteint. Si, au contraire, nous voyons quelqu’un qui néglige sa recherche de Dieu et qui se délaisse pas son ego et sa passion, alors nous savons que sa recherche n’est qu’un leurre, que sa fin sera la destitution et que son issue sera la déception, même si le Donateur Généreux lui donne des choses. Toutes ces choses se trouvent dans le chemin vers la Présence du Réel.

        Pour ce qui est de la recherche des moyens de ce monde, des stations et des états d’élite, on ne peut en obtenir leur radiance qu’en s’en détachant, qu’en s’en détournant et qu’en se préoccupant de Dieu Seul. On en a dit : “Les degrés ne peuvent s’atteindre qu’en s’en détachant. Le shaykh Abu l-Hasan a dit :

        “Un ami et moi-même adorions Dieu dans une caverne. Nous nous disions :

        -Ce mois-ci, Dieu nous donnera l’ouverture spirituelle ! Cette semaine, Dieu va nous donner l’ouverture !

        Un homme s’est arrêté devant l’entrée de la caverne et dit :

        –Salam ‘alaykoum !

        Nous avons retourné son Salam et lui avons demandé :

        -Comment vas-tu ?

        Il a escaladé jusqu’à nous et nous a dit :

        -Comment peut aller celui qui dit : “Ce mois-ci, Dieu nous donnera l’ouverture spirituelle ! Cette semaine, Dieu va nous donner l’ouverture !” Et bien, il n’a ni ouverture, ni résultat. N’adorons-nous pas Dieu comme Il nous a ordonné de le faire ? Alors pourquoi est-il absent ?

        Nous avons compris alors ce que nous devions comprendre. Et nous nous sommes blâmé d’avoir agi de la sorte. Et Dieu nous donna l’ouverture.”

        Une chose similaire est mentionnée dans le Tanwir.

        Celui qui recherche la station de l’élite est donc l’esclave de cette recherche, et rate la part que Dieu lui a réservé jusqu’à ce qu’il se retourne vers Lui en se repentant. Celui qui se contente d’adorer Dieu en serviteur obtiendra la part de servitude que Dieu lui a réservée et parviendra à la station de l’élite sans s’orientant vers son obtention, sans la rechercher. Et Dieu sait mieux.

        Ces choses-là sont le signe d’un début illuminé, et le signe d’un début illuminé, c’est que les choses recherchées sont des choses intérieures, comme, par exemple, l’abandon et le retour à Dieu, un désir ardent et un alanguissement de Dieu. Leur fruit, cependant, doivent rejaillir sur l’extérieur. Il [Ibn ‘Ata- Allah] indique cela lorsqu’il dit :Ce qui est gardé dans l’invisible des consciences transparaît dans le témoignage des apparences.