Hikma n°67 – Ibn ‘Atâ’i -Llâh Al-Iskandarî commenté par Ahmad Ibn Ajiba

Un signe de la mort du coeur : ne pas s’attrister pour les actes d’obéissance que tu as omis d’accomplir Et ne pas regretter les fautes que tu as réellement commises.

            Trois choses sont la cause de la mort du coeur : l’amour attachant pour ce monde, la légèreté quand à l’invocation, et le fait de laisser son corps tomber dans l’illicite. Trois choses sont la raison de la vie du coeur : le détachement de ce monde, la constance dans l’invocation et le compagnonnage des saints de Dieu (awliya llah).

            Trois signes indiquent qu’il est mort : le fait de ne pas s’attrister pour les actes d’obéissance que l’on a omis d’accomplir, le fait dene pas regretter les fautes que l’on a commises, et le fait de tenir compagnie aux morts inconscients. La conséquence de l’obéissance, c’est que l’on se sent bien et la conséquence de la désobéissance, c’est le fait de se sentir mal. Si le coeur est rendu vivant de connaissance et de foi en Dieu, alors il rechigne devant ce qui pourrait causer un mal-être et il trépigne devant ce qui causera son bonheur. On peut dire aussi que l’obéissance du serviteur est le signe que le Maître est content, et la désobéissance du serviteur résulte de Sa colère.

            Le coeur vivant sent ce qu’aime son Maître et s’en réjouit, et sent ce qui provoque Son courroux. Le coeur mort, lui, ne sent rien du tout. Qu’il obéisse ou qu’il désobéisse, c’est la même chose pour lui. Il ne se réjouit pas dans l’obéissance et dans l’harmonie de ses gestes et il ne ressent aucune tristesse s’il commet une erreur ou s’il désobéit, par le coeur ou par le corps. Dans un hadith de l’Envoyé de Dieu -sur lui la paix et le salut -on peut lire : “Celui qui se réjouit de ses bonnes oeuvres et qui se lamente de ses mauvaises, celui-là est véritablement croyant”. ‘Abdullah ibn Mas’ud a dit : “Le croyant voit ses mauvaises actions comme si elles étaient au pied d’une montagne qui allait lui tomber dessus. L’impie voit ses mauvaises actions comme un mouche qui se pose sur son nez et qu’il balaye d’un revers de main.”

Toutefois, le serviteur ne doit pas regarder ses péchés au point de ne plus bien penser de Dieu, comme il [Ibn ‘Ata- Allah] l’indique dans ce qui suit :

Si grand que soit ton péché, garde un préjugé favorable envers Dieu.